Fic 5

Je meurs et ma vie défile dans ma tête. J’essaye vainement de comprendre comment j’ai bien pu en arriver là ... ce soir ... dans cette maison, nu et me vidant de mon sang .... sans rien pouvoir faire ... il est trop tard pour eux. Quel gâchis.

Je m’appelle Sam. Et je suis un métamorphe. Enfin, je le croyais encore il y a peu de temps. Voyons, laissez-moi tout vous raconter depuis le commencement.

J’ai toujours su que j’étais différent. Différent des autres enfants, je ressentais et sentais des choses que d’autres ne percevaient pas. Parfois, quand cela n’allait pas, il faut dire que je suis un enfant adopté, et que mes parents adoptifs ne m’ont pas apporté la chaleur, l’amour et la tendresse à laquelle j’aspirais ; donc dans les moments de détresse, je me sentais « borderline », il allait m’arriver quelque chose, je le pressentais .... Jusqu’au jour où, en colère contre mes parents, je m’enfuis de la maison. Je courrais à travers la forêt près de chez nous, et là, ... ma fureur se libérant, je sentis mon corps imploser, exploser, .... Comment décrire cette sensation fulgurante et douloureuse ..... une déchirure, une métamorphose en une chose, en animal !

Et pour tout vous dire, en un magnifique colley, vous voyez Lassie ? Ben, voilà ....

Au milieu de ma fureur, je souhaitais de tout mon être retrouver mon ami de toujours, mon chien fidèle et complice qui avait partagé mon enfance et mon adolescence: Jacob. Ce compagnon de toujours avait traversé avec moi chagrins et solitude. Jacob nous avait quittés quelques mois plutôt. Et il me manquait terriblement. D’où le désir absolu et désespéré de sa présence en ce moment de colère intense et surtout de peur et de sentiment d’abandon.

Stupeur donc ! Je venais de me transmuter en chien ! Après quelques secondes d’incompréhension, je décidais de courir, de gambader, de profiter de cette sensation nouvelle de liberté ... je finis épuisé physiquement et moralement par m’endormir dans un fossé. Et me réveiller, totalement nu au milieu de nulle part, et revenu dans mon corps d’adolescent. Abasourdi par mon aventure, je me mis à chercher frénétiquement sur internet des réponses à ce qui m’était arrivé. Et rien. Je ne trouvais rien. Et je ne pouvais me confier à personne.

Les mois passèrent et je découvrais au fil de mes excursions que mon « don » extraordinaire me permettait non seulement de me changer en chien, mais aussi en n’importe quel autre animal. Il fallait que je me concentre sur l’animal en question, et hop, instantanément j’en prenais sa forme ! Plus besoin de la colère pour canaliser l’énergie nécessaire, j’arrivais à contrôler ma concentration. C’était devenu un jeu, un défouloir. Je n’osais cependant que les mammifères comme les chiens, chats, loups, lynx, cheval et même une fois un ours !

Mon talent, je l’apprivoisais, et j’en vins à l’utiliser à des fins peu glorieuses, je l’admets. En bon ado, rempli d’hormones, je m’amusais un temps à épier les filles chez elles, dans leur intimité bien entendu ! Quel garçon n’en rêve pas à ce stade de sa vie, sinon à tous les stades ! Je corsais un peu les choses en m’invitant de plus en plus chez les gens. La nuit d’abord, puis en pleine journée par gout du risque et de l’aventure.

Puis vain l’appât du gain. Le vol facile et sans conséquence pour moi ! Qui aurait pu deviner que ce simple chat ou souris, en reconnaissance du terrain, allait en profiter pour dérober argent et bijoux ! J’améliorais ainsi mon pain quotidien et commencer à me constituer un trésor de « guerre » !

Je finis par m’isoler complètement de ma famille, je faisais même peur à mes parents adoptifs qui, un jour m’abandonnèrent carrément. A leur décharge, ils m’avaient surpris lors d’une métamorphose et cela a du définitivement les décider à s’éloigner de moi. Je les terrifiais, ils me considéraient comme un monstre, et ils n’avaient pas complètement tord, j’allais un peu le devenir.

Mes vols prenant de plus en plus d’ampleur, je finis fatalement par commettre une erreur.

En fait, ce n’était pas techniquement une erreur. Je suis tombé sur une personne étrange, différente des autres, elle aussi. Mais aussi, différente de moi.

Elle habitait une demeure colossale, en haut d’une falaise face à la mer. Lors de mes repérages, j’avais découvert que la maison contenait une impressionnante collection de tableaux de maîtres et d’objets d’art qui semblaient très anciens, donc de très grande valeur. Cette somptueuse bâtisse avait retenue toute mon attention. La propriétaire sortait de nombreuses heures la nuit, et organisait régulièrement de grandes fêtes qui se terminaient au petit matin.

Je décidais donc de la « visiter » et d’augmenter mon fameux trésor personnel. Belle erreur !

En plein milieu de mon expédition, elle me prit sur le fait ! La main dans le sac comme on dit ! Et contre toute attente se mit à rire et m’invita gracieusement, dans un premier temps à me vêtir d’une tenue plus appropriée (vous l’aurez deviné j’étais devant elle dans le plus simple appareil !) et dans un deuxième temps me proposa une collation autour d’une bonne bouteille de vin de Bordeaux, un Saint Emilion, Château Cheval Blanc, 1995, un très grand cru !

Cette femme très surprenante et déstabilisante s’appelait Maryann. Et pour être franc, elle était sublime. Elle alliait la beauté à l’intelligence. Elle avait un humour décalé et sa maxime préférée était une citation de Ronsard «Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain. Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie ».

En deux mots Carpe Diem ! Devant tant de générosité et d’écoute, je me confiais un peu à Maryann qui finit par m’offrir son hospitalité. Elle posait un regard amusé sur moi, comme si elle me devinait. Cela me faisait penser au jeu du chat et de la souris. Et j’étais la souris ! Maryann m’apprit ce que j’étais : un métamorphe, un changeling. Elle me dit aussi que d’autres créatures existaient, différentes de moi.

C’est ainsi que je découvris, avant même leur révélation aux humains, que les histoires de vampires, de loups-garous, de sorcières et bien d’autres, n’étaient pas uniquement des mythes et contes pour enfants !

Je restais auprès d’elle un temps. Vous-ai-je déjà dis qu’elle était très belle ? Grande, une chevelure couleur jais, et ensorcelante. La réincarnation d’une déesse sur terre.

Presque cela finalement, mais je ne l’apprendrais que bien des années plus tard !

Ce fut une période festive et jouissive. Maryann m’offrait tout et je prenais tout avec plaisir et sans réfléchir. J’étais enivré et j’étais devenu complètement dépendant d’elle en quelques jours seulement. Néanmoins, mon flair ou mon sixième sens, appelez-le comme vous voulez, m’avertissait qu’un danger rôdait, et surtout, qu’il planait au-dessus de moi une ombre inquiétante. J’étais de plus en plus mal à l’aise et inquiet. La peur arriva le jour où je surpris Maryann en train de vibrer au lever du soleil. Oui, je dis bien « vibrait ». Elle était statique face au soleil. Elle psalmodiait des sons et mots étranges, et elle vibrait à une vitesse surhumaine, inhumaine. Le pire, je me sentais attiré inexorablement vers elle, comme un aimant, et sans l’avoir voulu, je me retrouvais changé en un cochon et allais me coucher à ses pieds. L’effroi et l’horreur me paralysaient. Maryann arrivait à me contrôler et je n’y pouvais rien.

Le soir même, je m’enfuis de cet asile qui avait eu le gout du paradis pour l’assoiffé que j’étais. Mais avant de m’éclipser lâchement de cet Eden troublant, je dérobais au passage une coquette somme d’argent à Maryann.

Si j’avais su ce que cela allait impliquer quelques années plus tard, je serais parti sans demander mon reste !

Cette rencontre avec Maryann a modifié le cours de mon existence. Je devins paranoïaque, et j’étais à l’affut en permanence. Je vécus alors en hors la loi. De simple voleur, je passais à voleur de haute voltige expérimenté et expert en objets d’art et bijoux de grande valeur. Je pris une complice qui me facilitait la phase de reconnaissance des lieux. Son repérage des bijouteries, musées et manoirs était efficace, et surtout, les gens ne se méfiaient pas d’elle. Nous formions une belle paire d’As. Je le croyais. Mais je me trompais. Une fois encore.

Lors de notre dernier coup ensemble, Buffy, ma complice et compagne, m’a arnaqué avec son amant Spike, et ils m’ont laissé pour mort dans un motel. Ma dernière crise de fureur incontrôlée date de ce jour là. Je me suis vengé. Définitivement et radicalement.

Je les ai tués, tous les deux. Sans hésiter et sans remord. Ma vie a basculé et ma descente aux enfers a commencé. Avec cet acte final, mon passage à l’action ultime - le meurtre - j’ai mis le doigt dans un engrenage qui m’a entrainé dans la clandestinité. Celle des tueurs professionnels. Des tueurs à gage. Et je suis devenu le meilleur. Mon talent assurait une totale efficacité et une échappatoire assurée. J’étais très sollicité, et mon surnom dans ce milieu occulte et secret était : The Shadow. J’étais une ombre insaisissable, intouchable et riche. Mais seul. Effroyablement seul. Encore.

Ma dernière cible fut Willow. Une jeune femme d’une vingtaine d’années qui vivait à Sunnydale. Ma procédure d’approche de la cible était un repérage de la maison et des habitudes. Très classique. Mais pour la première fois, je me rendis compte que ma cible était une innocente. Ou semblait l’être. Ma conscience se réveilla, et j’hésitais à accomplir ma mission. Que faire ?

Je me jetais à l’eau et décidais de découvrir Willow plus personnellement. Elle vivait seule et travaillait de chez elle. Du conseil informatique devant son écran et au téléphone. Complètement isolée du monde. Moi, j’étais un solitaire par choix. Elle, elle était seule au monde, sans ami, ni famille.

Je m’installais dans une maison près de la sienne, et finis par l’aborder au cours d’un de ses footings matinaux qu’elle faisait, écouteurs aux oreilles. Très fortuitement, la laisse de mon chien Edward s’échappa de mes mains quand elle passa en courant à ma hauteur. Elle m’aida tout naturellement à rattraper Edward, mon magnifique Golden Retriever, et de là, nous fîmes connaissance.

Willow était rousse aux yeux verts. Elle était charmante mais un peu sur la défensive. A ma grande surprise, elle accepta un premier rendez-vous. Et au fur et à mesure de nos rencontres, je la découvrais sensible, intelligente et très intuitive. Ces yeux persans me transperçaient. Mes sens en éveil me soufflaient que Willow n’était pas qu’humaine. D’ailleurs, à son approche mes poils se hérissaient systématiquement. Un réflexe incontrôlable.

Deux semaines, après notre première rencontre, au cours d’un diner très romantique dans un grand restaurant français, elle posa sa main sur la mienne. Constatant qu’elle avait toute mon attention, elle me demanda franchement :

- « Sam. Qu’il- y- a-t-il ? Je sens que quelque chose te trouble. Tu es contrarié et c’est à cause de moi. Je t’en prie, fais moi confiance. Tu peux tout me dire. A commencer par la raison qui t’a poussé à venir vers moi. »

Quelle intuition ! Comment avait-elle deviné ? J’étais confondu et interloqué. Je restais muet. Elle continua donc son monologue :

- « Sam. Regarde-moi. Je sais qui tu es. Ce que tu es. Et pourquoi tu es là. Je ne t’en veux pas, crois-moi. Je sais tout cela, parce que moi aussi j’ai un don, et même plusieurs. Je suis une sorcière. Plutôt puissante. Et j’ai senti ta présence bien avant que tu n’emménages près de chez moi. N’aies pas peur. Je ne te ferais aucun mal. Je sais qui t’envoie pour me tuer et pourquoi. Ce que je ne m’explique pas vraiment c’est pourquoi tu n’es pas encore passé à l’action. Qu’attends-tu de moi, Sam ? »

- « Willow. Je suis désolé. ..... Je t’ai épié pendant plusieurs jours et je n’ai pas pu me résoudre à te faire du mal. Tu m’as intrigué et je voulais te connaitre. Me pardonneras-tu ? Je ne sais pas pourquoi ce Damon t’en veut, mais je ne te quitte plus. Acceptes, s’il te plait, que je veille sur toi. Je ne supporterais pas qu’il t’arrive quoique ce soit. Je tiens à toi, Willow. »

- « Sam, tu es tout pardonné. Je te connais. Je sais ce que tu as au fond de ton cœur, de ton âme. Je te connais mieux que toi ! Quant à ce vampire, Damon, il veut se venger. J’ai tué sa promise, Elena, une redoutable lionne-garou. Je me défendais pour sauver ma vie. C’était un combat à mort entre elle et ma sœur, Bella. Je suis arrivée trop tard pour sauver ma sœur, mais Elena a osé s’en prendre à moi. Je me suis défendue. Et vengée. »

- « Willow. Tu dois partir d’ici. Damon sait où tu vis et se rendra vite compte que je n’ai pas accompli ma mission. Partons. Je te protègerai. »

- « Damon n’abandonnera pas, Sam. Il a perdu son âme sœur comme moi la mienne. Bella était ma sœur jumelle. Je sais que notre affrontement est inévitable. Je l’ai vu dans mes visions. Mais tu m’as redonné goût à cette vie, Sam. Moi aussi je tiens à toi. Et tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, n’est-ce- pas ? Alors, d’accord, sweet heart, partons. Tentons notre chance. Qui sait ? Avec un peu chance, Stephan, le frère de Damon arrivera à raisonner son frère. »

Nous avons quitté Sunnydale en Californie pour GilesBurg en Virginie, sur le plateau des Appalaches. Nous nous étions réfugiés dans un village reculé et perdu dans les montagnes. La première ville importante était Mystic Falls.

Les dix mois qui ont suivis resteront les plus beaux de ma vie. Willow a été ma rédemption, ma chance. Son amour et sa confiance m’ont apporté paix et quiétude de l’âme. Une renaissance. Ma renaissance. Elle m’a aidé à oublier et à me pardonner pour ce que j’avais fait, pour cette partie de ma vie de tueur acharné et sans pitié. Nous étions heureux. Ce bonheur nous a surpris et comblés. Et le fruit de cet amour manifestait sa présence chaque jour davantage. Oui, vous avez bien compris. Notre bébé devait arriver dans quelques semaines. Nous attendions notre premier enfant et nous étions sur un nuage de félicité.

Et surtout naïfs de croire que notre bonne fortune allait se poursuivre. Damon nous a retrouvés. Et il n’était pas venu seul. Angel et Faith l’accompagnaient. Un autre vampire et une tueuse experte en démons. Le combat fut épouvantable. Malgré l’état avancé de sa grossesse, Willow a été formidable. J’ai juste eu le temps de réaliser l’étendue de ses pouvoirs. Voyant qu’elle faiblissait sous les attaques des deux vampires, moi je luttais alors contre la tueuse, elle me lança un regard d’une infinie douceur et tristesse. La seconde suivante, elle était à mes côtés et m’embrassait. J’eu juste le temps de sentir comme un éclair me transpercer et d’entendre son « pardonne-moi mon Amour » avant qu’elle me « téléporte » à Mystic Falls.

Et là bas, impuissant, j’ai ressenti une énorme explosion, comme un tremblement de terre sous mes pieds. Instinctivement, j’ai hurlé son nom. Le temps que je retourne sur les lieux, il ne restait rien. Un trou béant dans la forêt, comme si une météorite était tombée, quelques arbres étaient encore en feu. Je distinguais le cadavre de la tueuse et sentais cette odeur caractéristique des vampires brûlés. Une étrange odeur de verveine qui persistait dans l’air.

Willow gisait inanimée au centre de ce trou sinistre. Je me précipitais. Lorsque je la pris dans mes bras, ma douce sorcière ouvrit les yeux et me sourit.

- « J’ai réussi. Elle vivra. Rappelle-lui chaque jour combien je l’ai aimé avant même de la tenir dans mes bras. Elle aura nos pouvoirs Sam. Protège-la. Elle sera convoitée pour sa puissance et ses dons. Notre princesse, notre fille Mina, aura besoin de toi, sois là quand elle t’appellera. Promets-le-moi, Sam. Promets- moi de répondre à son appel ! »

- « Willow, je te le promets sur mon âme et au nom de notre amour. »

Willow me sourit une dernière fois, et je sentis son souffle partir. Son corps s’affaissa dans mes bras. Je restais hagard un moment. Pas longtemps car je réalisais que le bébé s’agitait dans le ventre de sa mère. J’ai alors du faire la chose la plus dure de ma vie. Aider ma fille à naitre. Un moment difficile et sanglant, heureusement suivi du cri de Mina. Je tenais ma fille dans mes bras, toute potelée, si belle et si fragile à la fois. Et j’étais effondré.

La suite, je ne la détaillerais pas. C’est une période difficile à me remémorer surtout à cet instant douloureux où je réalise que je ne tiendrais pas la promesse faite à Willow.

J’ai abandonné ma fille. J’étais trop brisé pour m’occuper correctement d’elle. Willow le savait. Elle avait vu notre avenir et avait tout préparé. J’ai trouvé un mot d’elle qui m’indiquait les dispositions qu’elle avait prises pour notre fille. Depuis GilesBurg, elle avait tout organisé sans que je ne me doute de rien. Même le choix des parents adoptifs de Mina.

Notre fille a maintenant 5 ans. Elle est magnifique et ressemble à sa mère. Je la « visite » régulièrement et, jusqu’à présent, je n’ai noté aucune manifestation de ses pouvoirs. Elle vit à Bâton-Rouge en Louisiane. Pour rester près d’elle, je me suis installé à Bon Temps, petite bourgade à quelques heures de Bâton-Rouge. Je suis le propriétaire d’un bar-restaurant le Merlotte’s et les affaires marchent bien.

Pourtant, les choses se sont bien compliquées depuis que les vampires ont fait leur coming out ! Une de mes serveuses, Sookie Stackhouse, est allée s’enticher d’un vampire, Bill Compton, et depuis lors, à Bon Temps, les évènements s’enchainent. Ils s’enchainent mal.

D’abord, un essaim de vampires a débarqué. Vampires toujours accrochés à leur vraie boisson traditionnelle, pas au Tru Blood, cet artéfact de sang humain qu’ils détestent. Leur présence a causé bien des remous dans notre paisible bourg.

Puis, Maryann m’a retrouvé, après toutes ces années. Pour se venger, elle a décidé d’utiliser mon corps comme réceptacle pour recevoir son divin époux et par la même occasion me sacrifier sur l’autel du mariage ! Mon secours est venu de Bill, le vampire amoureux de Sookie. Grâce à son sang de vampire aux multiples propriétés et effets secondaires (guérison immédiate des blessures et maladies, excitant, dopant et hallucinogène notoire, et j’en passe), j’ai pu survivre au sacrifice rituel. Et me débarrasser définitivement de Maryann. Elle était trop dangereuse pour moi et pour ma fille.

Depuis que j’ai bu le sang de Bill, j’ai ressenti des changements en moi. Pas seulement d’ordre érotique ! Parce que cette partie là, bien que très présente dans mes rêves, était loin d’être déplaisante !

Non, ces changements se manifestaient plutôt comme des fourmillements, une exaspération et une tension que j’ai reconnue un peu et, hélas, qui m’a rappelé cette violence que j’avais cru disparue à jamais mais qui sournoisement refaisait surface. Ma vraie nature de tueur remontait à la surface. Enfin, je le croyais.

Et l’arrivée de ma vraie famille : ma mère génétique et mon frère Tommy n’a rien arrangé. Bien au contraire. Leur perfidie et leur agressivité ont malheureusement déteint sur moi. Je sentais poindre chaque jour un peu plus cette envie d’en découdre, de me battre, de frapper quelqu’un. Cette rage me faisait très peur. Et Willow n’était plus là pour m’aider à la contenir. Pour me protéger, j’arrivais à éloigner ma mère, source de conflits permanents. Et j’essayais de maintenir mon frère Tommy sous haute surveillance.

A cette même période, trois nouvelles locataires ont pris possession d’un des cottages dont je suis propriétaire à Bon Temps.

Tommy, locataire du cottage adjacent, n’arrêtait pas de fantasmer sur ces trois superbes femmes. Il est vrai qu’elles ne passaient pas inaperçues ! Trois grandes amazones, élancées et aussi différentes en beauté les unes des autres. Elles se présentaient comme trois sœurs, Mariadélie, Bloody et Marion o’Skarsgard. La première était blonde aux yeux bleus, la deuxième rousse aux yeux verts et la dernière brune aux yeux noirs.

Quand je les observais en train de se promener, toujours en trio leurs longs cheveux au vent, de leur démarche déterminée et assurée, je pensais immanquablement à la légende nordique des Valkyries, ces guerrières qui distribuaient la mort parmi les soldats et qui emmenaient l’âme des héros au Walhalla.

A ne pas confondre, bien sur, avec le mythe alimentaire de ces frenchies, consommateurs de grenouilles et d’escargots, qui détournèrent honteusement les « Valkyries » en « Vache qui rit », fromage fondu français se présentant en triangle dans une boite en carton ronde ! Quelle honte !

Bref. Je m’égare. Ma faiblesse me fait perdre le fil de mes pensées.

En les associant toutes les trois aux Valkyries, je ne savais pas à cet instant que mon don de prémonition se développait. Et cette impression d’avoir affaire à des guerrières allait vite devenir une réalité ! Hélas, pour moi !

Ce don de visions de l’avenir se manifesta dès l’arrivée de mes si belles et dangereuses locataires. Je faisais des rêves, des cauchemars avec elles et Maryann. Je me savais en danger, mes instincts de changeling m’avertissaient clairement, mais je ne voyais pas d’où venait le péril.

J’avais trois théories pour mes nouvelles capacités de prémonition. Ma première pensée était que ce don me venait du sang «magique» de Sookie, par l’intermédiaire du sang de Bill que j’avais bu et qui avait du en amplifier la magie. Sookie est une fée avec plusieurs pouvoirs dont celui de télépathie et celui de flasher et foudroyer avec les mains, mais pas celui de devineresse à la Cassandre. Le sang de Sookie avait peut être « activé » en moi ce pouvoir de vision jusqu’alors endormi.

Ma deuxième théorie portait sur ma fille. Mina avait hérité des dons de sa mère, même si pour le moment, rien n’indiquait qu’elle en avait pris conscience. Peut être m’avait-elle envoyé à distance un rêve prémonitoire pour m’avertir du danger que je courrais ? Je n’avais pas encore eu le temps de vérifier cette hypothèse. Mina n’était pas censée me connaitre. Alors, quant à m’avertir ! Cette hypothèse me semblait un peu farfelue.

Enfin, la plus plausible de mes théories était que Willow m’avait transféré ses pouvoirs lors de notre dernier contact, juste avant qu’elle ne m’éjecte du combat final. J’avais ressenti une décharge, et j’avais relié ce phénomène à ma téléportation. Mais cet échange était peut être bien plus profond et généreux. Ma puissante sorcière m’avait-elle fait cadeau de ses pouvoirs avant de partir ? Le sang de Sook avait-il réveillé ces pouvoirs ? Cette tension que je ressentais depuis quelques temps, c’était l’émergence de mes nouveaux pouvoirs !

Maintenant, je le crois. Et je regrette amèrement de n’avoir pas eu plus de temps pour m’entrainer à les maitriser. Je ne serais pas dans cet état là. Au milieu du salon de Sookie. A côté de tous ces cadavres et de ces restes sanguinolents et visqueux de vampires.

Tara et Tommy gisent à mes côtés. Sans vie. Bill et Jessica se sont sacrifiés pour protéger Sookie. J’entends Pam qui pleure tout en donnant son sang à Jason pour le sauver. Je réalise que sa seule chance est d’être transformé en vampire. Lafayette et Claudine sont auprès de Sookie. Elle est inconsciente, et ils ne parviennent pas à la ranimer.

Deux des Valkyries sont mortes lors de cet affrontement. Claudine et Sookie ont réussi à unir leur lumière et à les repousser, le temps que Lafayette et moi les maitrisions et les achevions. Lafayette a découvert depuis peu qu’il était issu d’une longue lignée de sorciers et ses pouvoirs, bien que récents, nous ont sauvés d’une mort certaine.

La dernière Valkyrie Mariadélie, la sœur ainée et la plus forte, a juste eu le temps de me transpercer de sa lame avant de s’enfuir en prenant Eric. Son tribut pour la perte de ses sœurs. Le sang précieux d’Eric, vampire millénaire, lui apportera vie éternelle et encore plus de puissance, si elle le garde en vie.

Elles étaient venues pour venger Maryann, leur sœur. Maryann, qui était connectée à elles au moment de sa mort. Elles m’ont vu la tuer à travers ses yeux. Rien ne comptait désormais plus pour elles que la vengeance. Elles sont arrivées à Bon Temps, il y a quelques jours seulement, le temps de déterminer les responsables de la mort de Maryann. Une fois sures de les avoir identifiés, elles ont attendu le bon moment.

Elles n’ont pas eu à attendre longtemps. Sookie a organisé une fête pour célébrer avec ses intimes son mariage. Et comme par hasard, tous les invités avaient pris part de près ou de loin à la mort de Maryann. Le rendez-vous était pris. Elles ont débarqué et nous ont massacrés. Claudine est apparue juste à temps pour écarter Sookie du combat, pourtant déjà blessée. Les vampires se sont interposés mais les glaives en argent des guerrières ont fait des ravages. Je sens encore cette odeur infâme de sang et de verveine. La bouillie de vampires.

Lafayette est indemne, Jason va devenir un vampire et Sookie se réveille je le ressens. Son cœur s’affole en reprenant conscience. Claudine lui murmure quelque chose à l’oreille. Je n’arrive pas à comprendre ce qu’elle lui dit. J’essaye de sortir de cet état d’inconscience, je me concentre et je sens mon sang qui pulse dans ma tête. Mais que lui dit Claudine ?

- « Sookie, calme toi ma Chérie, tu es saine et sauve. C’est fini. Elles sont mortes et tu es là. Ta blessure n’est pas grave. Tu vas vite guérir. Et, surtout ma Chérie, le bébé va bien. Il n’a pas souffert. Il est bien là. Je suis arrivée à temps pour toi et pour lui. Tu vas devoir être forte, Chérie. La Valkyrie t’a pris ton époux. Mais, je suis là, et je resterais avec toi jusqu’à l’arrivée de ton fils. Son père aurait été si fier. Allez, Sookie, doucement, je vais t’aider, prends ma main, ma Chérie. »

Oh, mon Dieu. Sookie attend un bébé. Le bébé d’un vampire ! Comment est-ce possible ? Eric. Le vampire Eric Northman, Roi du Mississippi et de la Louisiane. L’époux de Sookie a réussi à engendrer ! Sookie va avoir un fils ! Le fils d’Eric !

Une vision fulgurante me traverse et m’éblouie. Je vois Sookie en train de jouer dans son jardin avec son fils. Elle l’a appelé Godric, en souvenir de son père et en remerciement à Dieu qui lui a laissé ce cadeau de lui.

Jason veille sur eux. Et Pam aussi. Contre toute attente, ils sont ensemble ces deux là. Et heureux. Je vois aussi Lafayette. Il lit en ce moment même dans mes pensées. Il sait pour Mina. Il me rassure.

- « Tu peux partir en paix, Sam. Je veillerai sur ta fille. Je serai là pour la guider et la former. Mina va devenir une très puissante sorcière. Une bonne sorcière. Sois fier d’elle. Va, Sam. Willow t’attend. Ne la vois-tu pas ? Sois rassuré mon ami. Je la protégerai. J’en fais le serment, à toi ainsi qu’à Willow. Va, mon ami et que ton repos soit éternel. »

Je soupirais. Enfin. La douleur est partie. Merci Lafayette. Merci infiniment. Dis à notre fille combien nous l’avons aimé. Nous l’aimerons toujours. Je suis soulagé. Plus de culpabilité et plus de regret. Willow, mon Amour. Willow, où es-tu ? Je suis prêt. Je suis las et fatigué. Je t’attends Chérie. Viens me chercher mon cœur....