Fic numéro 2

Sookie

 

C'était vraiment très étrange de faire l'amour avec Alcide tout en entendant la voix de Bill venant du salon. Pendant un instant, j'ai failli croire que Bill n'était plus dans ce talk-show pré-enregistré, et qu'il répandait ses conneries d'histoires de vampires dans mon salon, voire à côté de mon lit, sur lequel j'étais assez occupée...

Mais Bill n'était pas là, non. Pas plus qu'Eric. Pas plus que Sam.

Il n'y avait plus personne, excepté Alcide et son corps de gladiateur sur le mien.

Quelques mois plus tôt, je n'aurais jamais cru ça possible : Alcide et moi, ensemble. Un couple, comme on les voit dans les séries télévisées. On mangeait ensemble, on regardait des films ensemble, on se douchait ensemble, on couchait ensemble. Il ne manquait plus qu'on aille chasser la biche ensemble dans les bois, comme des loups.

Mais je n'étais pas un loup, juste une fée. Même plus une serveuse.

Sam avait revendu le Merlotte's à Arlene, qui a jugé bon de le renommer « Bellefleur's »... Quelque temps après ce grand changement au bar, j'ai démissionné. J'avais besoin de renouveau, après avoir chassé Eric et Bill de ma vie.

Je me suis d'abord sentie très seule, très désœuvrée, sans travail et sans personne pour prendre du bon temps, sans mauvais jeu de mots. Puis, j'ai décidé de quitter ma maison pour quelque temps, et j'ai fait le tour des villes voisines, jusqu'à ce que la raison me ramène à Bon Temps, après avoir fait quelques rencontres enrichissantes.

Il fallait que je me trouve un travail, sachant que je n'avais jamais fait autre chose que serveuse de bar. Mon esprit traître m'a glissé plusieurs fois l'idée d'aller postuler au Fangtasia, mais ma raison l'a emporté : hors de question d'aller supplier Eric pour un travail. De toute façon, selon les rumeurs, Eric aurait mis les voiles sans Pam. Ça m'étonne énormément qu'il soit parti sans sa progéniture, mais après tout, les rumeurs ne sont jamais tout à fait fausses.

Et puis, au Fangtasia, ils se remettaient tout juste du chaos causé par les anti-vampires.

J'ai fini par faire un tour du côté de l'entreprise d'Alcide. On s'était un peu perdus de vue, mais j'ai quand même osé aller lui demander s'il avait un tuyau pour un job, n'importe lequel, du moment que ça me permettait de renflouer mon compte en banque. OK, je ne lui ai pas dit ça comme ça, mais c'est ce que je pensais au fond de moi.

• Juste un petit boulot, histoire de m'occuper...

• Tu as raccroché le tablier, alors ?

• En quelque sorte... J'avais besoin d'autre chose, tu vois.

• Je te comprends totalement. Ces dernières semaines n'ont pas été faciles.

• Pour tous, oui.

• Quoi de neuf ?

• Rien, comme je t'ai dit, après tout ces chamboulements, je cherche du renouveau. A commencer par un nouveau job.

• Bon, alors, je peux t'embaucher ici, comme secrétaire. On a toujours besoin de secrétaire.

Il a dit ça comme si c'était vrai. Enfin, ça l'est sûrement. En vérité, je n'y connaissais vraiment rien en matière de secrétaires, à ce moment-là.

• Si tu acceptes de dîner avec moi, je t'embauche. Juste un dîner, pour rattraper le temps perdu.

J'avais déjà eu cette envie moi-même, à l'enterrement de Terry, quand Alcide avait été là après un long moment d'absence. Ce n'allait pas me faire tant de mal que ça, après tout.

C'est comme ça que ça a commencé, Alcide et moi. Rien d'extraordinaire, non.

Pas d'histoires rocambolesques, pas de vampires à l'horizon, et les loups restaient loin de moi, mis à part Alcide.

J'apprenais à être une parfaite secrétaire et une parfaite petite amie.

Évidemment, rien ne reste simple longtemps. Bill a fini par débarquer, pas à la télévision comme ce soir, mais en chair et en os, chez moi.

Alcide n'était pas là, ce soir-là (affaire de chef de meute dont je ne voulais rien savoir).

• Bonsoir, Sookie.

• Bill.

Accueil froid, hors de question de le serrer dans mes bras, ni même de l'inviter à entrer.

• J'avais besoin de te voir, ce soir.

• C'est fait, Bill. Tu peux partir, maintenant.

L'élément perturbateur nommé Bill devait s'en aller rapidement pour éviter toute tâche dans ma nouvelle vie bien rangée où j'allais à la messe et collectionnait les sacs en macramé.

• Sookie. J'ai besoin de savoir comment tu vas.

• Je vais très bien, comme tu peux le voir.

Était-ce si difficile pour lui de simplement ramper à mes pieds pour excuser son comportement et se faire pardonner pour tout le mal qu'il m'avait fait ? Parce que c'est ce que j'attendais.

• Ne sois pas si dure avec moi. Je te demande simplement de bien vouloir m'accorder une place dans ta vie. Je ne suis plus sous l'influence de Lilith, et tu le sais.

Comme si c'était la seule chose qu'on pouvait lui reprocher. Il avait tout gâché, depuis le début ! Et c'était comme s'il ne s'en rendait même pas compte.

• Je suis avec Alcide, maintenant.

Il devait s'en douter, vu l'odeur de loup que lui seul pouvait sentir sur moi, mais sa mine déconfite m'a fait croire qu'il espérait qu'il ne se passait rien avec Alcide. Ni avec qui que ce soit d'autre.

• Tu as eu ta chance, tu l'as gâchée.

C'était notre première entrevue. La deuxième a été plus concluante, pour lui, puisque je l'ai laissé entrer. Il comptait me parler d'Eric, et j'ai vu à sa tête que c'était grave.

• Pam est totalement sans nouvelles depuis ces derniers mois, et elle s'inquiète.

• Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?

Je jouais la blasée pour éviter de m'impliquer encore une fois dans quelque chose qui, de toute évidence, me dépassait.

J'ai fini par accepter de faire un saut au Fangtasia pour voir si je ne pouvais pas fouiner du côté des pensées des gens. Ça ne m'engageait à rien, hein ? Alors je l'ai fait, histoire d'avoir bonne conscience. Peut-être que quelque part, je n'en avais pas rien à faire de ce que devenait Eric.

Bref, je n'ai absolument rien trouvé dans les pensées des clients humains. Tout ce que j'ai réussi à obtenir, c'est une dispute avec Alcide en rentrant chez moi. Je puais le vampire, évidemment (idiote, j'aurais dû y penser !), et Alcide n'appréciait pas tellement cette odeur sur moi.

Je venais de remettre un pied dans le monde des vampires et il m'apportait déjà des problèmes... Ce qui m'a encouragée à reculer d'un bon pas et laisser tomber cette histoire avec Eric.

Tara a fini par venir me rendre visite. J'étais terriblement seule depuis plusieurs jours, puisque Alcide me râlait dessus obstinément. J'ai ressenti un grand soulagement en voyant Tara à ma porte... ensuite, elle a précisé qu'elle venait me parler seulement de la disparition d'Eric. Elle n'a même pas relevé le fait qu'on ne s'était pas parlé depuis longtemps ; elle n'a même pas demandé comment j'allais. On peut toujours faire semblant, mais il n'y a rien à faire : Tara n'est plus la même depuis qu'elle est un vampire, et pas seulement physiquement. Notre amitié a fini par s'user, et les événements de ces derniers mois ont contribué à nous séparer.

Donc, Tara n'est venue que pour me convaincre d'aider Pam, qui ne savait apparemment plus vers qui se tourner pour trouver des réponses.

Le même soir, Alcide est revenu pour tenter une réconciliation qui a fort bien marché et s'est fini dans un lieu stratégique de ma maison. J'ai presque failli croire que je n'avais plus aucun soucis, dans ma vie bien rangée en compagnie d'Alcide.

Malheureusement, il fallait toujours que je prenne une décision concernant Eric. Si mon coeur me disait de partir à sa recherche, c'est que je ressentais encore quelque chose pour lui, non ? Dans ce cas, qu'est-ce que je fichais avec Alcide ?

D'un autre côté, ma raison me dictait de profiter de la tranquillité relative de ma nouvelle vie pour enfin fonder une vraie famille et me ranger.

J'ai bien fini par tenter d'aider Pam à trouver Eric, mais rien faire : personne n'avait aucune nouvelle de lui, excepté un vieux vampire qui nous a confié à Bill et moi avoir croisé Eric en Europe.

A force de travailler en équipe avec Bill pour retrouver ce satané Eric, j'ai réussi à apprendre à lui adresser la parole sans être agressive, ce qui était un très bon début. J'ai même fini par rire avec lui (c'est arrivé deux fois, grand maximum : on ne rigole pas énormément avec Bill).

Pam a finalement quitté Shreveport pour partir à la recherche d'Eric en Europe (chose que je ne pouvais pas personnellement me permettre). Bill venait me rendre visite de temps en temps les soirs où j'étais seule, et ça a fini par m'apporter le réconfort dont j'avais besoin. Alcide a fini par accepter que Bill rôde par chez moi, même s'il n'acceptait pas que je l'invite à entrer. Mon porche s'avérait utile, lorsque Bill venait sonner à la porte.

La routine s'est installée, jusqu'à ce soir, où je me retrouve avec Alcide, dans mon lit, et la voix de Bill en fond sonore, qui me perturbe énormément...