MiniFic 3

« Buvez ! » m'a-t-il ordonné.

En même temps, j'ai senti qu'il essayait de briser ma volonté.

« NON ! »

Il m'a jeté un regard lourd de menaces avant de répéter son ordre.

« Buvez ! Sinon je peux toujours vous casser la mâchoire et vous forcer a boire. »

Pas très rassurée et tenant légèrement à ce que ma mâchoire reste comme elle était, je lui ai demandé :

« Pourquoi faites vous ça, André ? Je pensais qu'on avait un bon feeling, et puis vous avez bu un peu de mon sang, vous vous êtes un peu, voire beaucoup, collé a moi pour faire croire que nous avions couché ensemble. Et puis, on est blonds tous les deux, c'est pas rien, ça. Bon, bien sûr vous voyez moins le soleil que moi, mais aucun préjugé là-dessus, chacun sa teinte naturelle. »

J'ai continué à bafouiller encore et encore dans l'espoir que je l'assomme avec mon charabia, (ou qu'il m’assomme au choix) et qu'il oublie qu'il a promis de me casser ma magnifique mâchoire si je n’obtempérais pas (tiens ça aurait pu être un de mes mots du jour ça. Non ?).
Apparemment choqué par le nombre colossal de conneries que je pouvais proférer à la minute (j'aurais presque pu en écrire des blagues carambar, c'est vous dire le niveau), il a mis quelques secondes à retrouver le fil de ses pensées.

« Mais boiiiiis !!! » a-t-il crié comme un enfant faisant un caprice oubliant du même coup de me vouvoyer. « Pourquoi tout doit toujours être aussi compliqué ? Déjà, je suis un vampire coincé dans le corps d'un gamin, ma reine est dans le même cas ! Tous le monde veut nous tuer ! J'en ai marre ! En plus personne ne veut jamais m’écouter et j'ai l'air ridicule avec un chapeau ! »

J’étais presque, je dis bien presque, tentée de le prendre dans mes bras pour qu'il arrête de faire sa crise, mais vu nos tailles respectives, ses crocs auraient été un peu trop proches de ma carotide à mon goût. J'ai donc prudemment posé une main tremblante sur son épaule. Avant de dire le truc le plus rassurant du monde.

« Là, là. »

Je ferais une super maman avec des méthodes pareilles, non ? Non.

« Pourquoi est-ce que je dois boire votre sang, André ? » ai-je demandé d'une petite voix.
« Il nous faut un lien plus fort avec vous. Nous avons besoin de nous attacher vos services par plus qu'un simple chèque. »
Pourtant me contenter d'un chèque ne me dérangeait pas du tout, personnellement.

« Vous vous êtes déjà montrée beaucoup plus utile que nous l'avions imaginé. Ce sommet est d'une importance capitale pour nous. Notre survie en dépend. Nous devons jouer tous nos atouts. Or, vous en faites partie. »

Au moins c’était franc, mais j'avoue ne pas trop adhérer au fait que je sois une de leur possession.

« Et le fait que je sois déjà attachée (au sens figuré malheureusement) à l'un de vos Shérifs. Le fait que la Louisiane soit là où j'habite. Le fait que j'aimerais éviter d’être pourchassée par tous les vampires de la région si je vous trahissais. Ou encore le fait que je sois une personne en laquelle on peut avoir foi, ne vous ont jamais traversé l'esprit ? » ai-je demandé en essayant de rester calme.

Il a paru perplexe quelques instant puis il a redirigé ses yeux sur mon visage.

« La confiance n'est pas quelque chose que nous donnons facilement, surtout à des humains, vous habitez cet état mais il y en a 49 autres ainsi qu'une centaine de pays où vous pourriez fuir. Pour finir, on ne peut faire confiance qu'aux vampires que l'on a créés ou à celui qui nous a fait. Northman n'a donc pas totalement notre confiance non plus. Il pourrait même vous utiliser comme un atout contre nous. »

Tout a coup, une troisième présence s'est matérialisée dans le couloir : Éric. Quand on parle du loup il montre sa.. euh. Non, pas en public. Il se tenait juste à côté de nous, une expression incertaine sur le visage. Pas du tout son genre, ça, l'hésitation, ça ne lui allait pas, mais alors pas du tout, au teint.

« Pourquoi faites-vous cela, André ? » a-t-il demandé d'une voix plus grave qu'à l'accoutumée.
« Oserais-tu critiquer les ordres de ta reine ? »

J'ai failli lever la main pour voter en faveur du fait qu'il les critique. Mais je me suis retenue à la dernière minute, dans un élan de clairvoyance (il y a des élans à Clairvoyance ? Seuls ceux avec un humour aussi abominable que le mien comprendront).

« André, laissez-moi vous faire une suggestion. » a proposé Éric d'un ton plus calme et plus posé. « Il ne faut pas contrarier Sookie, sinon elle ne voudra plus coopérer. »

Ah bah bravo, merci du conseil, Jean-Pierre ! J'ai très élégamment reniflé pour annoncer mon mécontentement. Ce qui m'a valu deux regards noirs. A ce stade, je commençais un peu à en avoir marre, ils allaient se prendre plus de pains que ne peut en contenir une boulangerie s’ils continuaient comme ça. J'ai donc fait ma plus belle tête de pétasse avant d'applaudir des deux mains devant les vampires effarés. Quitte à mourir autant que ma mort soit magistrale.

« Merci, Éric pour ce sauvetage digne des maîtres nageurs de la plage de Malibu. Et merci André d'avoir rendu ma soirée si riche en rebondissements, mais si ça ne vous dérange pas, étant une humaine je n'ai pas l'habitude de passer mes nuits debout donc je vais aller me coucher. »

Bon, j'ai certainement dû mal doser mon sarcasme, puisque je me suis retrouvée sur le sol, sous André (j'aurais préfère être sous Éric, en plus), qui avait l'air un petit peu (voire beaucoup) énervé et qui a planté ses crocs dans ma carotide avant que je ne puisse dire « Fangtasia » (ce qui, à ce moment très précis, n'aurait pas été très utile, j'en conviens.) Aussi vite qu'il m’était tombé dessus, André avait disparu. Enfin, pas tout a fait. Disons qu’Éric le… finissait (du calme, les perverses).
Le beau vampire blond prouva encore une fois qu'il était un ancien viking en me jetant sur son épaule.

« OU VA-T-ON ?????! » ai-je crié hystériquement depuis son épaule droite.
« En Suède ! Pam va nous rejoindre dans quelques instants ! Je viens de tuer l'enfant de la reine, si on reste, nous sommes tous morts ! Je connais le roi de Suède, on y sera en sécurité. »

 J’étais sur le point de protester en disant que je n'allais pas abandonné ma maison et mes affaires, mais j'ai eu une autre illumination et je me suis dis qu'entre une vie relativement longue en Europe avec un Dieu du Sexe vampire inépuisable et une mort lente et douloureuse dans ma maison d'enfance, je préférais la première solution. Donc pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai fermé ma bouche.